RÉSILIENCE : COMMENT ILS S’EN SORTENT ?

Isabelle Taubes 

Entretien avec Boris Cyrulnik

« Concrètement, quels traits psychologiques remarque-t-on le plus souvent chez les résilients ?

Boris Cyrulnik : En fait, ils ont mis en place toute une série d’attitudes de protection.

  • Et en premier lieu la révolte, le refus d’être condamné au rôle de victime passive : « J’ai en moi la force de réagir, aussi je vais me battre, chercher à comprendre.
  • Puis, il y a le rêve. « Je m’appelle Georges Perec, j’ai 8 ans, j’ignore ce que mes parents sont devenus. Alors, je vais écrire, écrire pour leur donner un tombeau. » Dans son roman La Disparition, la lettre disparue, ce « e » manquant, c’est « eux ».
  • On observe également une forte dose de mégalomanie chez les résilients. Les enfants blessés ressassent en silence : « Un jour je m’en sortirai, un jour je leur montrerai. » Ils ont des rêves grandioses, fous. Qu’ils taisent.
  • Enfin, dernier mode de défense qu’ils mettent en œuvre : l’humour. « Si je fais rire, sourire de ce qui m’est arrivé, je peux m’intégrer, cesser d’être un phénomène de foire. » Bien sûr, tous les résilients n’ont pas un sens de l’humour développé. D’ailleurs quand on souffre vraiment trop, l’humour devient impossible.

Est-on résilient ou non résilient une fois pour toutes ?

Boris Cyrulnik : Il me semble que, lorsqu’on a été blessé dans sa vie, on est contraint de mettre en place, de tricoter un processus de résilience jusqu’à sa mort. La blessure est enfouie, maîtrisée, transformée, mais elle ne guérit jamais complètement. »

http:/https://www.psychologies.com/Therapies/Psychanalyse/Travail-psychanalytique/Interviews/Resilience-comment-ils-s-en-sortent?fbclid=IwAR2Wq6SABeROXzvoomiRc-_wcb009J1w6pBB7q2nk2bKt23eUrL0116Q7ik