J’ai écouté avec intérêt la conférence de Jean-Pierre Bellon présentant cette méthode … et des questions me viennent spontanément à l’esprit.
A n’en pas douter beaucoup d’éléments sont intéressants et utiles dans cette méthode mais cependant j’ai été stupéfaite du peu de considération accordée à la victime. Les harceleurs sont, en revanche présentés avec beaucoup de bienveillance et de compréhension. Et je peux entendre que dans un souci d’efficacité, on puisse adopter une telle position.
En revanche, j’aurais aimé retrouver la même attitude de la part de l’orateur auprès des « cibles » comme il aime à les appeler. Cette terminologie me surprend terriblement tant elle fait référence à un corps inerte.
Mon malaise grandit encore lorsque je l’entends nous expliquer que finalement la « fameuse cible » serait en général bien souvent responsable de sa situation et pour appuyer son argumentaire beaucoup d’exemples nous sont fournis avec des analyses un peu simplistes et faciles.
N’oublions pas que certaines victimes n’en sont souvent pas à leur premier épisode de harcèlement. Du moins c’est le cas chez les enfants atteints de différence physique que je côtoie. Nous avons tous en mémoire, l’enfant désigné comme « souffre-douleur » de notre classe qui d’année en année finira par s’isoler et accepter docilement le rôle qu’on lui impose.
Au terme de cet exposé, une question me vient : La place imposée à la victime ne va-t-elle pas renforcer et assoir cette position, la rendant encore plus vulnérable et une proie facile pour de futurs épisodes ?
Ne lui a-t-on pas clairement laissé entendre d’ailleurs que son problème, finalement elle était bien incapable de le résoudre elle-même. La preuve, on l’a fait sans même son consentement et à sa place !!! On ne prend soin de la convoquer qu’en dernier et encore pour voir dans quelles mesures elle pourrait être responsable de ce qui lui arrive.
J’ai beau chercher dans cette conférence à quel moment, on apprend à la victime à relever la tête, à retrouver sa dignité et affronter ses difficultés, à dire STOP et NON …. Je ne vois pas et cela me gêne terriblement.
Alors certes la méthode PIKAS a de bonnes idées …. Mais elle doit revoir sa position à l’égard de la victime et se préoccuper de lui apprendre à relever la tête. C’est essentiel !
Et de grâce, s’il vous plait, n’utilisez plus cette terminologie de « cible ».
Merci
Docteur Béatrice de REVIERS
Présidente de l’Association ANNA