Le concept de « handicap esthétique »​ a-t-il vraiment un intérêt ou ne dessert-il pas les personnes concernées ?

Comment aider sans aggraver ? C’est bien tout l’enjeu !

On ne naît pas avec la conscience de sa différence, On l’acquiert et on la modifie (en la renforçant  ou la diminuant) par les éléments et les événements de sa vie.
 
Le « Handicap esthétique », nouveau concept qui tente d’émerger ces derniers temps ne serait-il pas qu’un phénomène classique de conditionnement. Ce nouveau concept a-t-il seulement un intérêt pour la personne atteinte ?
 
Voici l’équation telle qu’on pourrait l’énoncer et répondant à la loi universelle du conditionnement :
 
Sur un terrain particulier, qui est ici la différence esthétique congénitale de l’enfant associée à sa propre personnalité, avec une histoire personnelle et familiale, peut s’opérer un conditionnement par des situations de stigmatisation, d’exclusion, de moqueries, d’interventions chirurgicales itératives et douloureuses et de regard de l’autre.
 
Ce conditionnement aboutit des réactions chez certains enfants à : une souffrance induite, à des comportements inadaptés, à l’installation d’une possible mémoire traumatique ainsi que des schémas cognitifs inappropriés qui sont des sentiments de vulnérabilité, de culpabilité, de fragilité et d’infériorité.
 
Les réactions de ce conditionnement sont renforcées et maintenues, en durée, intensité et fréquence par des mécanismes de renforcements négatifs (RF-)tels que le déni, la fuite, l’évitement et parfois l’évitement expérientiel et/ou de renforcements positifs (RF+) à type de sur-investissement, sur-exposition, mythe du « super-héros »
 
On sait, en thérapie comportementales et cognitives que stopper les RF+ et les RF- éteint le comportement et donc ses réactions.
Tout renforcement qu’il soit positif ou négatif conduit à un excès et donc renforce le sentiment de différence et ses conséquences.
 
Poser la question sous cet angle ouvre des perspectives considérables et je pense que cette piste mérite d’être explorée.
 
Elle permet de comprendre que la différence esthétique serait un facteur de risque parmi d’autres mais non une fatalité dans le domaine et que tout est affaire de mesure sur ce sujet si délicat, comme les familles et les professionnels en ont bien souvent conscience.
 
Comment aider sans aggraver ? Tel est bien tout l’enjeu !
 
En revanche créer ce nouveau concept de handicap esthétique apporte-il réellement quelque chose à la bonne compréhension du phénomène ou ne fige-t-il pas la réflexion, tout en aggravant les facteurs de stigmatisation et d’exclusion de ces enfants ?
 
La création d’un nouveau concept n’a d’intérêt que s’il permet une meilleure compréhension d’un phénomène pour y apporter des réponses et une aide efficaces.

mais certainement pas de faire souffrir et de figer des expériences diverses et riches dans une case stérile !

Gardons mesure en toute chose ! Ni trop, ni trop peu !

 
Docteur Béatrice de REVIERS  and  CMN Owner (24 novembre 2020)
 
 
Ref : Vries, H de, 2010, L’Analyse Comportementale, La Conceptualisation des Cas en Thérapie Comportementale et Cognitive, Le Lien Psy, Revue de la Société Algérienne de Psychiatrie, N° 10, décembre, p. 5-10. 
 
Crédit Photo Yulianna Youssef