Ateliers de sensibilisation à Montrouge

Les 5 et 6 février 2018, l’Ecole élémentaire Renaudel à Montrouge (Hauts-de-Seine) accueillait trois membres de l’association Anna venus à la rencontre des élèves du CP au CM2 qui composent les onze classes de l’établissement.

L’objectif de ces ateliers de sensibilisation à la différence esthétique était d’expliquer aux jeunes élèves ce qu’est une maladie rare, quelles en sont les conséquences dans la vie quotidienne d’un enfant et en quoi nous sommes tous concernés par la différence et le regard porté par autrui sur nos particularités.

Dès leur plus jeune âge, la plupart des enfants sont confrontés à la différence esthétique
Dès leur plus jeune âge, la plupart des enfants sont confrontés à la différence esthétique, que ce soit par la rencontre d’un camarade porteur d’un handicap de cette nature ou d’une maladie affectant son apparence, ou encore pour avoir été eux-mêmes l’objet de remarques sur leur propre apparence, quelles qu’en soient les raisons.

Faire prendre conscience aux enfants des règles indispensables pour favoriser des interactions positives avec leurs camarades.
Au cours de ces ateliers d’environ 30 minutes, nous avons cherché à expliquer que la différence esthétique entraîne souvent un regard particulier voire intrusif et que, de la nature de notre comportement dépend le bien-être de l’enfant porteur d’une différence visible. Le milieu scolaire constitue la première expérience de confrontation aux autres, en dehors de la sphère familiale spontanément bienveillante. Afin que ce premier contact social se déroule sans frustration ni gêne,  notamment pour ceux qui présentent des différences visibles, il est important de faire prendre conscience aux enfants des règles indispensables pour favoriser des interactions positives avec leurs camarades. Tel fut l’objet de nos ateliers par l’intermédiaire d’échanges ludiques.

Dans un premier temps nous avons encouragé les enfants à identifier les multiples différences qu’ils constataient parmi eux (couleur de cheveux, d’yeux, de peau, porteur de lunettes, fratrie nombreuse ou non, goûts et aptitudes dans différents domaines, choix vestimentaires éclectiques…).

La variété est constitutive de l’espèce humaine
Nous avons alors formulé la conclusion que nous sommes TOUS différents et pourtant TOUS pareils puisque nous partageons les mêmes désirs (avoir des camarades, se sentir à l’aise à l’école, jouer, apprendre ensemble, développer nos passions…). La première phase de notre intervention s’est achevée sur le constat que la variété est constitutive de l’espèce humaine.

Jeu du « Post-it »

Puis, par l’intermédiaire du jeu du « Post-it », nous avons mis en pratique cette idée fondamentale: « tous pareils », au-delà de nos différences plus ou moins visibles.

Le jeu consiste à donner un « Post-it » à chaque élève en répartissant deux couleurs différentes au hasard, et d’un distribuer un seul d’une troisième couleur, puis de leur demander de former trois groupes sans définir aucun critère. Un porte-parole dans chaque groupe exprime alors les raisons pour lesquelles ils se sont rassemblés. En général les enfants formulent le critère de l’amitié, des liens de sympathie qui les unissent et le désir de jouer ensemble. L’animateur demande alors au porte-parole de vérifier les couleurs de Post-it de chacun, constate qu’elles sont variées et conduit le porte parole à exprimer l’idée qu’il aurait été absurde d’exclure du groupe un camarade porteur d’un Post-it de couleur différente pour ce motif. L’animateur reproduit alors ce cheminement dans chaque groupe et la classe entière exprime spontanément cette même idée.

Cette différence visible est mineure en comparaison de ce qu’ils ont tous en commun
L’animateur souligne enfin que l’enfant muni d’un post-it de couleur unique n’a pas été isolé des autres groupes pour cette raison, ainsi cette différence visible (en l’occurrence la couleur du Post-it) est mineure en comparaison de ce qu’ils ont tous en commun (un Post-it et l’envie de jouer ensemble).

Jeu « de la porte »

Avec certaines classes nous avons pratiqué le jeu « de la porte », permettant de prendre conscience que nous sommes tous capables de faciliter la vie sociale d’un enfant affecté d’une différence visible, qu’elle soit temporaire et légère (telle une jambe cassée), ou plus lourde (un enfant en fauteuil, par exemple).

Pour clore ces ateliers, nous avons utilisé quelques planches de la BD Tous en piste et emprunté à Anna ses « trucs et astuces ». Ceux-ci ont été le support pour fournir aux élèves des moyens pour mieux vivre certaines situations dans lesquelles ils se sentent mal à l’aise (être dévisagé avec une excessive curiosité, être le « nouveau » dans une classe ou une école, être interrogé au tableau…).

Fournir aux élèves des moyens pour mieux vivre certaines situations dans lesquelles ils se sentent mal à l’aise

Nous avons été très impressionnées par le bon sens et l’ouverture d’esprit sans préjugés de notre jeune public au cours de ces ateliers. Ces derniers ont par ailleurs renforcé notre conviction que le regard porté sur la différence nous concerne tous et s’éduque dès le plus jeune âge, permettant ainsi de limiter les épisodes de stigmatisation et moquerie vis à vis d’enfants présentant un handicap esthétique.

Ces ateliers ont pour intérêt et objectif de sensibiliser les jeunes à la différence esthétique et leur fournir les moyens de l’appréhender avec bienveillance
Les études scientifiques montrent en effet que les expériences douloureuses qui surviennent durant la structuration de l’enfant ont une influence significative dans l’apparition des troubles psycho-émotionnels secondaires. Des expériences traumatisantes dans ses relations avec les autres vont bien évidemment activer alors des schémas cognitifs précoces inadaptés chez l’enfant. Ces ateliers ont ainsi pour intérêt et objectif de sensibiliser les jeunes à la différence esthétique et leur fournir les moyens de l’appréhender avec bienveillance.

Nous remercions Mme Claire Mauffret, Directrice de l’Ecole Renaudel A, pour son accueil chaleureux, et les enseignants grâce à qui ces journées ont été rendues possibles.

Hanane DOUIBI, Béatrice de REVIERS et Sonia ROUX